19ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 3 août 2025Ne craignez pas…
Textes bibliques : Lire
“Sois sans crainte petit troupeau !” Voilà un message que nous retrouvons souvent tout au long de la Bible : “Ne crains pas, dit Dieu, je suis avec toi.” Et quand saint Luc écrit son évangile, il pense aux chrétiens persécutés. Il se rend compte que tout va mal et que beaucoup sont tentés d’abandonner la foi. Alors, il leur rappelle les paroles de Jésus autrefois : “Sois sans crainte petit troupeau !” Cette image du troupeau est beau symbole. Elle exprime la vigilance, l’amour de Dieu pour son peuple. Jésus se présente aux siens dans le rôle du berger. Il est le bon pasteur qui veille sur chacune de ses brebis et rien ne saurait les séparer de son amour.
Cette crainte qui menaçait les premiers chrétiens, nous la connaissons bien. Nous avons souvent bien des raisons d’avoir peur. Nous pensons à nos limites, nos fragilités face aux difficultés et aux rudesses de la vie. Nous avons conscience de nos péchés. Nous savons aussi qu’il n’est pas évident d’affirmer sa foi dans un monde hostile et indifférent. Mais la Parole de Dieu retentit inlassablement : “Ne crains pas, je suis avec toi ; n’aie pas ce regard anxieux car je suis ton Dieu. (Is 43. 1) Comme il l’a fait pour ses apôtres lors d’une tempête sur le lac, Jésus nous interpelle : “Confiance ! je suis là, n’ayez pas peur.” Le même Christ nous rejoint dans les tempêtes de notre vie pour nous rassurer et nous inviter à aller de l’avant. Il nous recommande de nous raccrocher à lui et de marcher à sa suite. Ce mal qui nous accable n’aura pas le dernier mot.
Le petit troupeau d’autrefois a grandi mais l’Église du Christ n’en reste pas moins un petit troupeau. Ils sont nombreux ceux et celles qui ne connaissent pas Jésus et qui, trop souvent, ne veulent pas de lui. Le Seigneur n’a pas promis le succès ni la puissance à son Église. Il veut simplement qu’elle soit “le sel de la terre” et “le levain dans la pâte”. Bien sûr, cela ne sera possible que si nous sommes en communion avec lui. Le sel de la terre et le levain dans la pâte c’est d’abord lui. Si nous venons à lui c’est pour accueillir cet amour qui est en lui afin qu’il transforme notre vie et celle de notre monde. C’est en nous immergeant dans cet amour que nous deviendrons le sel de la terre et le levain dans la pâte.
Mais cela n’est jamais acquis une fois pour toutes. Nous sommes parfois tentés de revenir en arrière. Aujourd’hui, Jésus nous recommande de rester vigilants : “C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’Homme viendra.” Il ne s’agit pas d’entretenir une inquiétude ni une angoisse devant “le Maître qui tarde à venir”. Cette vigilance c’est celle de l’amour qui cherche toujours à grandir et qui s’ouvre davantage aux autres. Cet amour nous empêche de nous replier sur nous-mêmes et de nous endormir sur nos soucis, grands ou petits. Être vigilants c’est creuser toujours plus en nous le désir de la présence de l’Esprit de Jésus, c’est rester attentifs à sa Parole, c’est apprendre à aimer toujours mieux parce que nous sommes infiniment aimés.
Dans l’évangile de ce dimanche, nous avons entendu des propos qui ont pu nous surprendre, surtout venant de Jésus : “Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre.” Le danger serait de transposer ces paroles sur le registre de la loi. Enfreindre une loi entraîne une punition. Or, avec Jésus, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Avec lui, il faut se situer encore et toujours sur le plan de l’amour. Celui qui aime peu n’a pas conscience des exigences d’une relation aimante. Mais plus l’amour grandit, plus on voit ce qui l’offense. Plus l’intimité avec Jésus grandit, plus les conséquences de cette intimité s’accroissent. C’est cette prise de conscience qui fait que certaines personnes demandent souvent le sacrement de la réconciliation.
Voilà donc un évangile qui nous interpelle sur de nos responsabilités dans l’Eglise. Et il le fait en plein milieu de l’été et des vacances pour certains. Nous aurions peut-être préféré y réfléchir à un autre moment, par exemple à la rentrée. Mais il est important que profitions de cette période pour faire le point sur notre vie. Il est indispensable de garder les yeux fixés sur le Seigneur. Il est le seul trésor de notre cœur. Prions-le ensemble, en communion les uns avec les autres : qu’il nous donne de rester “en tenue de service” sans craindre ce monde dans lequel il nous envoie ; qu’il garde nos lampes allumées, la lampe de la foi, la lampe de la prière, la lampe de l’amour.
Seigneur Jésus, tu nous promets un avenir de joie et de lumière auprès de toi. Garde nous vigilants dans l’espérance, ouverts et accueillants aux signes de l’Esprit Saint. Alors ta venue, loin de nous surprendre, sera notre bonheur pour les siècles des siècles. Amen
Télécharger l’homélie et des pistes pour la prière universelle : 19ème dimanche du temps ordinaire